Cancer et anthropologie : quel apport ?

Cancer et anthropologie : quel apport ?
Aborder le cancer par d'autres disciplines que la médecine met en perspective la place de cette pathologie dans un monde très marqué par les sciences dites dures (biologie, chimie, ...). Comment se saisir autrement de cette question, qui est devenue aujourd'hui un fait de société ? L'anthropologie apporte ses réponses, sous l'angle social et humain.
 
L'anthropologie se définit, selon l'Association Française des Anthropologues, comme "l'ensemble des sciences qui étudient l'homme dans ses différentes dimensions". Elle se divise en 4 sous-disciplines, qui étudient chacune avec ses propres outils un champ particulier de l'être humain : l'anthropologie biologique, l'archéologie, l'ethnologie (ou anthropologie sociale et culturelle), et l'anthropologie linguistique.
Concernant l'étude du cancer, l'anthropologie  apporte un éclairage sur divers aspects de la prise en charge de la maladie et de son intégration à la fois par les personnes touchées, par les équipes médico-sociales et par l'ensemble du corps social.
 
Elle peut par exemple permettre de réfléchir aux rapports établis entre personne soignée et personnes soignantes, aux représentations des unes et des autres qui influencent les relations, aux dimensions culturelles particulières qui impactent la manière d'aborder la maladie ou ses conséquences (ex. de l'étude de David Le Breton : Anthropologie de la douleur, Éditions Métailié, 2012).
D'un point de vue plus épidémiologique, elle peut également éclairer les facteurs de risque de populations particulières, en lien avec leur exposition à des carcinogènes. L'illustration la plus frappante est celle de la collaboration de l'anthropologue Annie Hubert et du Professeur Guy de Thé, spécialiste des cancers viro-induits. Tous les deux ont résolu un "mystère médical", celui du cancer du rhinopharynx associé à un virus ubiquitaire. En effet, ils ont démontré la présence de facteurs hautement carcinogènes dans la nourriture des populations spécifiquement touchées par la maladie, populations qui n'avaient pas de liens géographiques ni culturels.
 
Sans aller jusqu'à ce type de découverte majeure, les apports de cette discipline peuvent servir à améliorer le quotidien des personnes atteintes de cancer en leur donnant certaines clefs de compréhension de leur propre rapport à la santé et à la maladie, mais aussi à la famille, aux amis, ou encore à la spiritualité et à la religion. De même, cette réflexion sur ses a priori culturels et personnels permet à l'entourage, familial, amical et professionnel, de s'interroger sur ses propres réactions, et sur les interactions qui en découlent.
Publié le 19 mai 2020 - Mis à jour le 09 août 2022