La douleur : définition

Parmi les idées associées au terme de cancer, celle de la douleur émerge rapidement dans les représentations individuelles et sociales. Quelles sont ses causes, ses caractéristiques, ses mécanismes ?

La définition de la douleur n'est pas simple à donner car c'est un phénomène subjectif, mais une définition internationale a été proposée :  "la douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, associée à, ou ressemblant à celle associée à, une lésion tissulaire réelle ou potentielle" (Association internationale pour l'étude de la douleur, IASP - 2020). Cette définition montre la double subjectivité de la sensation et de l'émotion que seule la personne qui a mal peut apprécier. Elle rappelle aussi que la douleur n'est pas obligatoirement liée à l'importance d'une lésion, ni même toujours à son existence (cas de la douleur du membre fantôme par exemple).

La douleur peut être caractérisée par sa durée, son intensité, ses mécanismes.
Quant à la durée, elle est qualifiée d'aiguë lorsqu'elle est inférieure à 3 mois, et de chronique dans le cas contraire. Une douleur aiguë est utile dans la mesure où elle signale un problème, un dysfonctionnement, puis où elle disparaît une fois sa cause résolue. En revanche, si elle persiste, elle devient inutile voire délétère, avec le risque qu'elle s'installe et qu'elle impacte le moral, la qualité de vie, les relations avec l'entourage, ainsi que la sphère professionnelle ou scolaire. La douleur chronique est reconnue comme une maladie en tant que telle.

L'intensité de la douleur est importante à connaître, même si elle n'est pas toujours facile à quantifier, car d'elle dépend le choix du palier antalgique. Il existe de multiples moyens de quantifier voire de qualifier la douleur, selon que la personne peut le réaliser elle-même ou non, selon que la douleur est aiguë ou chronique ... L'un des plus connus est l'EN (échelle numérique) qui fait coter la douleur de 0 (pas de douleur) à 10 (douleur maximale imaginable) pour la mesurer. Les outils d'évaluation sont présentés sur le site de la SFETD (Société Française d'Etude et de Traitement de la Douleur) dans les rubriques Échelles douleur et Outils spécifiques.

Les différents mécanismes de la douleur expliquent qu'elle ne sera pas toujours traitée par les mêmes procédés (cf. article La douleur : la traiter). Les principaux types de douleurs sont :

• Douleur nociceptive : due à un phénomène douloureux (traumatisme, phénomène inflammatoire) résultant en une stimulation excessive des nocicepteurs (récepteurs de la douleur) périphériques, suffisante pour être transmise jusqu'au cerveau. Elle peut être aiguë (durée courte, de quelques heures à quelques semaines) ou chronique (durée > 3 mois). Ce sont les douleurs les plus courantes.
• Douleur neuropathique ou  douleur neurogène :  due à une lésion du système nerveux, elle se manifeste souvent par des symptômes plus difficiles à décrire pour la personne qui la ressent, et que l'on ne pense pas toujours appartenir au domaine de la douleur : sensations de picotement, de brûlure, de torsion, ...
• Douleurs psychogènes :  elles regroupent les douleurs non classables dans les catégories précédentes, les multiples examens médicaux ne relevant aucune cause physique de douleurs qui ont souvent suivi un choc dans la vie de la personne : deuil, accident, licenciement, ... ou se rattachent à un état psychologique pathologique.
• Les douleurs mixtes associent des composantes nociceptives, neurogènes et psychogènes. Cela peut être le cas de certaines douleurs cancéreuses, qui ont alors un impact psychosocial sévère.

Dans le cas du cancer, la douleur peut être due à la maladie elle-même (masse tumorale qui envahit les autres tissus, par exemple), ce qui le cas majoritaire. Mais elle peut aussi parfois être causée par les traitements (chirurgie, chimio ou radiothérapie), les soins et examens médicaux et/ou avoir des composantes psychologiques.

L'accès à la gestion de la douleur a été reconnu comme un droit humain fondamental par la déclaration de Montréal en 2010, adoptée par de nombreux pays dont la France. Le droit français stipule également que l'accès à des soins pour soulager la souffrance et la douleur est un droit, et un devoir pour les soignants. 

Pour en savoir plus et consulter ces informations en langage « facile à lire et à comprendre » (FALC) : la BD « La douleur – pour dire et soulager ma douleur ». Ce support illustré aide à exprimer la douleur, décrit le déroulement d'une consultation médicale et les traitements qui peuvent être mis en place pour soulager la douleur. Elle est réalisée par l'association CoActis Santé dans le cadre de son projet SantéBD.
Réglette d'évaluation de la douleur mise à disposition par SantéBD


Pour aller plus loin :

• Un dossier de l'INCa (Institut National du Cancer) et une page de l'INSERM sont consacrés au sujet.
• La page sur la douleur du Ministère de la Santé et de la Prévention complète ces informations, notamment d'un point de vue législatif quant au droit des malades à être soulagés.
• Le dossier "La douleur en question" réalisé par la SFETD et le CNRD (Centre National Ressources Douleur) à destination des patients et des familles.
• La fiche soin "Soulager la douleur" du site de l'AFSOS (Association Francophone des Soins Oncologie de Support) répond à des questions de patients.
• France Assos Santé a édité une fiche Santé Info Droits Pratique sur "La prise en charge de la douleur et de la souffrance".